Après le renversement de la royauté en 509 av. J.-C., Rome devient une République. Ce régime repose sur l’administration de la cité par les citoyens (populus) et le Sénat, constitué d’aristocrates. Après la conquête de l’Italie et les victoires contre
Carthage lors des guerres puniques au IIIe siècle av. J.-C., Rome ne rencontre plus de puissances capables de rivaliser. L’expansion romaine nourrit les ambitions d’hommes politiques qui s’illustrent à la guerre, tels Pompée et César. Le système
politique n’est plus adapté et se trouve déstabilisé.
b. Le passage de la République au Principat
Le Ier siècle av. J.-C. est marqué par plusieurs guerres civiles. Après l’assassinat de Jules César en 44 av. J.-C., son petit-neveu Octavien parvient à s'imposer. Les assassins de César sont éliminés. Il finit par entrer en conflit avec Marc Antoine,
un fidèle allié de César. Leur plan de partage de l’empire échoue. En 31 av. J.-C., Octavien, aidé de son lieutenant Agrippa, remporte une grande bataille navale à Actium face à Marc Antoine allié à Cléopâtre VII.
c. La nature des pouvoirs de l’empereur
En 27 av. J.-C., le Sénat confirme les pouvoirs exceptionnels confiés à Octavien durant les guerres civiles. Le pouvoir impérial repose sur la concentration de différentes fonctions qui existaient déjà sous la République. L’empereur exerce un commandement
militaire (imperium) sur l’ensemble des légions, ainsi qu’un pouvoir politique. Il n’est officiellement que le premier des sénateurs (princeps Senatus), mais exerce en réalité un pouvoir monarchique. En tant que grand pontife, l’empereur est à
la tête des principaux collèges de prêtres de Rome. Octavien prend le nom d’Auguste qui est un titre de nature religieuse et manifeste le soutien des dieux.
La domination romaine repose avant tout sur la force militaire. Les armées romaines, constituées de légions réservées aux citoyens volontaires et de troupes auxiliaires, sont établies sur les frontières et comptent environ 300 000 hommes. Les
frontières sont consolidées entre les Ier et IIe siècles et forment un système défensif : le limes. Les principales menaces, représentées par les peuples germains sur le Rhin et le Danube, et par l’empire parthe en Orient, sont globalement
contenues durant le Haut-Empire. La flotte romaine assure la sécurité des fleuves frontaliers et des mers.
b. Une administration efficace
La puissance romaine tient aussi à la bonne administration de l’empire. Les gouverneurs, essentiellement des sénateurs, garantissent le maintien de l’autorité de Rome. Ils rendent la justice et veillent à la levée des impôts. Les communications entre
les provinces et Rome sont rapides grâce à un ample réseau routier et au système de poste impériale. Dans les provinces, les cités bénéficient d’une large autonomie pour s’administrer grâce à leurs institutions. Le gouverneur n’intervient souvent
qu’en cas de nécessité. La paix permise par Rome pose des conditions favorables à un commerce à l’échelle de tout l’Empire.
c. Une politique d’intégration
Au fil de son histoire, Rome intègre les provinciaux notamment grâce à la diffusion de la citoyenneté romaine. Elle peut être accordée individuellement ou collectivement par l’empereur. L’obtention du droit romain ou latin pour les colonies et les municipes,
renforce la fidélité des provinciaux envers Rome. Les pérégrins peuvent aussi obtenir la citoyenneté en s’enrôlant chez les troupes auxiliaires pour 25 ans. Peu à peu, certains provinciaux sont même admis au Sénat de Rome, par exemple pour les
élites des Trois Gaules grâce au discours de Claude prononcé en 48 à Rome. En 212, l’empereur Caracalla accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire.
Le site archéologique du Forum de Rome. Le Forum romain est le cœur de la vie civique. Il concentre de nombreux temples, la curie pour le Sénat, des basiliques qui servent à la justice et au commerce. Photo : zczillinger, 2022.
Je fais le point
Documents : Le contrôle de l'Empire romain
Document 1 : Les frontières et les défenses de l’Empire
Document 2 : Vestiges romains – le mur d'Hadrien et le fort de Saalburg
Document 3 : Stèle de Sextus Adgennius Macrinus, fin du Ier siècle ap. J.-C.
Sextus Adgennius Macrinus : citoyen romain qui a été notamment tribun de la VIe légion victorieuse (Victrix) et de Licinia Flavilla, prêtresse du culte impérial.
Document 4 : Buste de l'empereur Hadrien (117-138)
Document 5 : Sesterce de bronze représentant l'empereur Trajan
Monnaie représentant l’empereur Trajan (98-117) coiffé d’une couronne de lauriers. Sur le revers de la monnaie, Trajan est à cheval et terrasse un barbare de Dacie (Roumanie actuelle) où de grandes conquêtes furent menées sous son règne. L’empereur pouvait
rendre visite aux soldats et participer lui-même aux expéditions militaires.
Document 6 : Le gouverneur idéal d’après Tacite
L’historien Tacite livre un portrait élogieux de son beau-père Agricola qui fut gouverneur de la province de Bretagne (Angleterre actuelle) dans les années 70-80. La Bretagne est une province conquise récemment sous le règne de l’empereur Claude
dans les années 40.
Pline le Jeune gouverne la province de Pont-Bithynie en Asie Mineure (Turquie actuelle) sous le règne de l’empereur Trajan (98-117). En tant que gouverneur, il tient l’empereur informé des réalités locales et n’hésite pas à le solliciter lorsqu’il doit
prendre des décisions.
Lettre de Pline le Jeune à Trajan
Réponse de Trajan
Pline le Jeune, Lettres, X, p. 42-43. Adapté de la traduction de Sacy.
Document 8 : Le discours de Claude devant le Sénat de Rome prononcé en 48
L’empereur demande aux sénateurs de permettre l’entrée au Sénat de citoyens romains issus des élites des provinces des Trois Gaules. Cette inscription sur une table de bronze a été retrouvée à Lyon près du sanctuaire du culte impérial.
Rencontres en Gaule romaine, InFolio, Gollion, 2005. Traduction : F. Bérard, p. 40-41.
Document 9 : L’État romain vu par Publius Aelius Aristide au IIe siècle ap. J.-C.
Originaire de Mysie en Asie Mineure, Publius Aelius Aristide vécut sous les règnes d’Hadrien (117-138) et d’Antonin (138-161). Outre ses Discours sacrés, relatant sa recherche de la guérison, il composa en grec un Éloge de Rome dans lequel il rend hommage
au monde qu’a façonné Rome.
Publius Aelius Aristide, Éloge de Rome, (144 ap. J.-C.). Traduction extraite de A. Michel, La philosophie politique à
Rome d’Auguste à Marc Aurèle, Paris, A. Colin, 1969.